À l’occasion de la Journée Internationale des Gens de Mer le 25 Juin 2021, je suis intervenue en tant que 1ère Vice-Présidente de WIMAFRICA sur le thème:
La Place de la Femme dans la Navigation Maritime.
Découvrez l’intégralité de mon intervention ci-dessous.
Le secteur maritime figure parmi les secteurs d’activités où les femmes sont le plus sous-représentées. Présentement elles ne représentent que 2 % des 1,2 million de marins employés dans le monde, et 94 % d’entre elles travaillent dans le secteur des croisières (selon l’Organisation Maritime Internationale OMI).
Historiquement, le secteur des transports maritimes a toujours été à prédominance masculine, et les racines de cette tradition sont extrêmement profondes.
«L’état de grossesse pathologique est incompatible avec la navigation (…) »
Les vibrations, le bruit, les produits et fumées toxiques auxquels la femme enceinte s’expose à bord d’un navire augmentent le risque de fausse-couche. Dès lors, les femmes sont déclarées inaptes à la mer jusqu’à leur accouchement, bien que la période de suspension du contrat d’engagement maritime n’ait pas toujours été compensée par une garantie de rémunération et/ou de reclassement à terre.
Toutefois, l’OMI déploie des efforts concertés pour aider le secteur à reconnaître davantage les femmes, conformément aux attentes du 21e siècle.
C’est dans cette perspective que Women In Maritime in Africa (WIMAFRICA), organisation des Femmes Africaines du Secteur Maritime, offre un cadre institutionnel commun pour le renforcement des capacités, la coopération et le développement de l’entreprenariat des jeunes filles et femmes africaines du secteur maritime et portuaire.
WIMAFRICA offre un leadership stratégique aux jeunes filles et femmes pour leur autonomisation.
Diverses actions sont menées par cette organisation à l’endroit des jeunes filles et femmes notamment le coaching et le mentoring, pour promouvoir l’égalité des genres dans le secteur maritime ; permettre la participation des femmes dans tous les aspects de l’économie bleue, à travers des plaidoyers pour plus de prise de conscience des enjeux maritimes ; le renforcement des capacités, l’entreprenariat et l’emploi des femmes dans tous les domaines du secteur maritime et l’avancement des femmes dans le secteur maritime en Afrique.
Les femmes sont davantage représentées dans les activités support (ressources humaines, service commercial, affaires juridiques…) que dans la manutention portuaire par exemple.
Bien que l’aptitude physique du marin demeure une condition de l’exercice de son métier, cette discrimination fondée sur la force s’estompe en raison de la mécanisation des équipements à bord des navires et du développement de l’assistance technique (monte-charge, grues).
En forçant parfois à l’adaptation et en modernisant l’ergonomie des postes, la féminisation permet d’améliorer les conditions de travail de tous. L’enjeu est grand: défaire les préjugés de sexe attachés aux métiers de l’industrie maritime, et valoriser ces filières auprès des populations les plus jeunes.
WIMAFRICA s’est donnée pour mission d’inciter les jeunes filles à embrasser des métiers techniques, scientifiques et d’ingénierie, jusqu’alors davantage plébiscités par des garçons.
L’association diffuse des témoignages de femmes pionnières dans leur domaine, met en place un système de marrainage, organise des visites de sites industriels, et tient régulièrement des salons et des cycles de conférences.
Faible représentation des femmes aux postes de direction
Malgré ces initiatives, on observe un déficit de représentativité des femmes aux postes de direction, à la tête d’entreprises, mais également au sein d’instances professionnelles de représentation et de décision, bien qu’elles constituent une part importante des salariés permanents. De même, peu de femmes exercent les plus hautes fonctions d’encadrement à bord des navires (commandant et chef mécanicien), et seulement trois femmes au Togo sont « maitres de Port »et il n’y a pas de pilotes femmes.
A l’instar de nombre de métiers à terre, la maternité est le principal point de blocage dans l’évolution des carrières des femmes navigantes, qui n’atteignent généralement pas le nombre d’années de navigation requises pour prétendre à ces postes gradés.
Ces femmes qui investissent un univers professionnel masculin peuvent être confrontées à des stéréotypes tenaces sur leur rôle d’épouse et de mère, accusées parfois de sacrifier l’équilibre familial et l’entente conjugale à leur métier.
La féminisation des métiers du secteur maritime est relativement récente.
La profession d’officier de la Marine marchande, par exemple est perçue et vécue comme une profession à risques. En plus d’évoluer dans un environnement physique dangereux, les marins partagent un espace de travail fermé et autarcique susceptible de menacer l’équilibre des rapports sociaux à bord.
Symétriquement, la féminité est perçue dans la mythologie professionnelle comme une menace potentielle pour les marins et le navire : les femmes et plus encore le féminin sont traditionnellement exclus d’une « organisation qui appartient aux hommes »
« On ne naît pas femme : on le devient », Simone de Beauvoir.
A travers cette citation de Simone de Beauvoir, WIMAFRICA se doit à travers des séances de travail, des formations, des voyages d’études et d’échanges, des communications, des participations aux projets de développement du secteur maritime, des recherches de financements et d’assistances techniques et l’organisation d’activités socioculturelles et toute initiative pouvant aider à la réalisation des objectifs de l’association de contribuer au développement de l’entreprenariat de la femme du secteur maritime, au leadership féminin, de lutter contre la pauvreté et l’insertion de la jeune fille désireuse d’évoluer dans le secteur maritime.
Même si de part sa nature biologique, la jeune fille est exclue de la navigation maritime, nous y croyons fermement. Je vous remercie.